Quand on pense énergie solaire, on pense généralement panneaux photovoltaïques et chauffe-eau solaire. Il s’agit d’investissements lourds, pas à la portée de tout le monde malgré les aides et les crédits d’impôts. Il existe pourtant des manières simples et peu coûteuses d’utiliser l’énergie solaire, à la portée d’un bricoleur moyen. Par exemple, cuire son repas sans gaz ni électricité grâce à la chaleur du soleil. C’est ainsi que, les 12 et 13 juin dernier, cinq personnes ont pu construire leur propre four solaire à partir de matériaux récupérés, au cours d’un stage organisé à Mens par Trièves en Transition et l’association Les Pouces Vertes.
Il existe différents type de fours solaires. Les animateurs du stage, Jeremy Light et André Werner, avaient auparavant fait des essais avec un four de type Ullog. Basiquement, il s’agit d’une boîte de base cubique munie d’un couvercle et de parois réfléchissantes qui concentrent les rayons vers le plat à cuire, aux parois isolées et refermée par un double vitrage pour conserver la chaleur à l’intérieur (voir schéma). Un second type est le four parabolique.
Un four cubique (Ulog) fonctionne comme un four de cuisinière avec une cuisson longue (une matinée) nécessitant peu de surveillance et de manipulations. Il est en revanche impropre à la préparation des sauces et aux grillades. Un tel four est compact et transportable, facile à fabriquer. Avec des matériaux récupérés (bois, vitrage, aluminium pour les surfaces réfléchissantes), le coût d’un tel four en autofabrication est de 30 à 50 euros.
Un four parabolique fonctionne plus comme un barbecue, les rayons solaires étant très concentrés. La cuisson est donc rapide mais nécessite une surveillance constante et la réorientation régulière du four pour suivre le déplacement du soleil. Dans les deux cas, un thermomètre est utile pour surveiller la température, qui peut atteindre 130°C. Il est possible d’installer des surfaces noires dans le four : elles captent la chaleur et la restituent au plat.
Les fours solaires sont utilisables même en hiver par une belle journée : en les posant sur le côté, on change leur inclinaison pour profiter au mieux des rayons solaires. Mais l’air extérieur froid ralenti néanmoins la cuisson. Dans ce cas, le four permet surtout de préchauffer les plats et de réduire le temps d’utilisation de la gazinière ou des plaques électriques.
L’idée de cuire avec le soleil peut paraître farfelue. Il est vrai qu’elle nécessite d’anticiper les repas, mais le temps de cuisson dans un four Ulog permet de mettre le plat à cuire en partant au travail et de le trouver cuit en revenant à midi. Après un été d’expérience, j’estime pouvoir cuire 50 % de nos repas avec le soleil (en utilisant 2 fours) pendant 5 mois : 30 % en cuisson complète et 20 % en préchauffage des plats, ce qui représente une économie de 3-4 % sur notre consommation énergétique annuelle totale. Nous avons même pu cuisiner 4 personnes pendant 1 semaine rien qu’avec l’énergie solaire.
Cuire avec le soleil est gratuit, complètement propre et ne produit pas de pollution. En été, cela évite aussi de chauffer inutilement la cuisine, un avantage appréciable pendant les grosses chaleurs. À une époque où les combustibles fossiles (pétrole et gaz naturel) commencent à se raréfier, la cuisson solaire contribue à les économiser dans les usages domestiques. Rappelons que le soleil brille partout et émet tant d’énergie qu’une heure d’ensoleillement sur toute la Terre représente autant d’énergie que la consommation annuelle de l’humanité toute entière !
Jeremy Light